TEMPS RÉEL – OPTIMOD, RETOUR D’EXPÉRIENCE (CONGRÈS ATEC ITS FRANCE)

Retour synthétique des ateliers “acteurs, partenariats et modèles économiques” et “l’usager et les nouvelles technologies” lors du Congrès ATEC ITS France « Les Rencontres de la mobilité intelligente ».

Jean Coldefy, Grand Lyon, responsable du projet Optimod’Lyon*, restitue les résultats d’une étude réalisée par PMP sur les modèles économiques des systèmes d’information voyageur multimodaux (SIM). Dans le cadre d’Optimod’Lyon, le prototype de GPS multimodal temps réel mis en oeuvre par Citiway s’appelle SmartMoov’.

On retient particulièrement de cette étude qu’aucun SIM n’a encore fait les preuves d’un modèle économique pérenne et efficace. Cela tient au fait que ces derniers sont majoritairement dédiés aux transports publics, donc partiels et moins valorisables. A quand les SIM qui intègrent les modes actifs et les modes en partage ? Qui plus est, la maîtrise d’ouvrage public n’est pas ce qu’on fait de mieux en termes de réactivité et d’innovation, d’autant que les technologies évoluent rapidement, et plus rapidement que le temps institutionnel. Jean Coldefy d’ajouter que l’ouverture des données ne suffit pas à la création des services et que l’animation d’un partenariat public-privé est essentielle.

Conditions du succès

Il faut aller au-delà de l’ouverture des données, et le Grand Lyon se positionne comme agrégateur. L’étude met en exergue un certain nombre de conditions de succès, dont la nécessité de :
– Identifier un chef de file qui fédère et favorise les échanges entre les producteurs de données et les développeurs
– Réassurer les utilisateurs finaux sur la pertinence des données et des services et définir un cadre de réutilisation conforme à l’intérêt général et à la libre concurrence
– Animer l’écosystème pour favoriser l’innovation
– Faire émerger des modèles économiques
– Rendre disponible les données en temps réel (plateforme technique bien bâtie)

Echanges avec les acteurs

Deux niveaux d’échange avec les acteurs sont gérés par le Grand Lyon : les échanges avec les fournisseurs de données, et ceux avec les réutilisateurs (les développeurs de services). Chacun de ces niveaux renvoie à une convention spécifique. Ainsi, les fournisseurs de données donnent mandat au Grand Lyon pour que la collectivité puisse mettre à disposition les données dont ils sont responsables. Au total, 30 bases de données et flux de données en temps réel ont été assemblés. Quant à la réutilisation des données, la réutilisation commerciale est autorisée tant que le service produit est conforme à l’intérêt général et que la formation de monopoles est évitée (ce qui signifie que l’usage des données devient payant si un service atteint une part de marché trop importante).

Modèle économique

Sur le plan du modèle économique, si la gratuité s’est imposée pour l’information voyageur, Jean Coldefy rappelle que 10 % des applications téléchargées sur smartphone sont payantes et achetées par des millions d’utilisateurs. Par exemple, l’application metro paris à 99 centimes d’euros a été téléchargée plus d’un million de fois.

Un sondage réalisé auprès de 200 personnes dans l’agglomération lyonnaise révèle que plus de 90 % des personnes interrogées se sont déclarées intéressées pour utiliser le SIM créé dans le cadre d’Optimod, et 80 % déclaraient avoir l’intention d’y souscrire au prix de 50 centimes (40 % quand on dépasse les 1 euro). Que l’application SIM soit gratuite (avec publicité), en freemium ou payante, l’étude montre qu’elle trouvera son équilibre dès 2016, soit un an après son lancement, à condition d’adresser les professionnels et les touristes qui font partie intégrante de la cible.

L’application aide aussi au changement dans l’usage des modes, les horaires, les trajets pour 8 % des personnes (attention, l’échantillon des personnes interrogées est faible, 50 beta-testeurs). Des études à Vienne ont conclu à 6 % de report modal pour ce type d’application.

Jean Coldefy ajoute que, si le SIM semble prometteur, il reste à penser la coordination avec les SIM déjà existants sur le territoire et à construire une interopérabilité avec d’autres collectivités.