La saison 3 de Datact s’est donnée pour ambition la rédaction d’un cahier des charges fonctionnel de la Régie de données. En janvier 2014, les membres du groupement Datact choisissaient pour cette expérimentation le dossier présenté par la Région Ile-de-France et Plaine Commune (communauté d’agglomération située en Seine-Saint-Denis, au nord de Paris, rassemblant les villes de Saint-Denis, Aubervilliers, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, L’Île-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Ouen, Stains, Villetaneuse).
Connecter les acteurs territoriaux par la donnée
L’objectif : enclencher une dynamique d’attractivité et développer les services sur un territoire accueillant les sièges de grandes entreprises. Plaine Commune est par ailleurs un territoire urbain en pleine mutation, confronté à des questions de forte circulation automobile, de congestion des transports publics, à des phénomènes (réels et supposés) d’insécurité, à la cohabitation de salariés non-résidents avec des résidents non-salariés.
Le cas particulier de Plaine Commune réunit toutes les conditions : la présence de grands groupes privés (dont la SNCF, Bosch, PSA ou SFR), un tissu important de TPE/PME, notamment représenté par l’association Plaine Coworking, une population touchée par le chômage, un territoire où le développement économique est une priorité, un fort tissu associatif, une offre culturelle pléthorique, des services publics à valoriser, etc. Le potentiel de ce territoire situé aux portes de Paris est indéniable, la connexion des acteurs par un système de régie de données pourra faire levier.
Rédiger un cahier des charges fonctionnel
Les premiers besoins identifiés donnent des pistes dans le secteur des mobilités (par la rationalisation et l’optimisation de services existants), le service à la personne (dans son statut de salarié et de résident), le développement de groupements d’achats locaux, de monnaies locales, le développement de tiers-lieux en réponse à l’absentéisme des cadres, la co-création de systèmes de valorisations du territoire à l’international… Les axes de recherches sont nombreux et seront explorés tout au long du premier semestre 2014, par une série d’ateliers, d’enquêtes de terrain et de travaux plus techniques de modélisation d’un service de traitement de données. Les mécaniques devront être applicables à tout type de domaine et surtout de passer à l’échelle.
Le cahier des charges fonctionnel fera référence pour les acteurs publics et privés qui souhaiteront dépasser l’open data et travailler à de nouvelles formes d’innovation, dans un modèle de rupture proche de celui défendu récemment par Tariq Krim, entrepreneur, vice-Président du Conseil National du Numérique, qui appelle dans un rapport remis à Fleur Pellerin en mars 2014, à la nécessaire valorisation de “la capacité de créer de la valeur par le produit ou par de l’audience, la capacité de construire des modèles de croissance naturels (growth hacking).”
Concevoir un modèle réplicable
Les parties prenantes trouveront avec le déploiement de cette Régie un tiers de confiance qui agira sur le traitement de leurs propres données, pour en améliorer la qualité et favoriser leur interopérabilité, générateur de flux de données remises à jour périodiquement, doté de “robinets” de sorties sous formes d’API auquel les entrepreneurs pourront venir se brancher pour utiliser les données pour améliorer un service existant ou en créer de nouveau.
La Région Ile-de-France intervient dans ce dossier en étroite collaboration avec Plaine Commune, pour que ce laboratoire d’expérimentation soit un modèle réplicable dans plusieurs territoires. Le choix d’une colonne institutionnelle partant de la ville vers la Région, passant par la communauté d’agglomération et le département, doit permettre de déterminer quel niveau de l’échelle territoriale est le bon pour développer ce type de modèle d’innovation par le partage de la donnée. Il n’y a probablement pas d’échelle idéale, mais un ensemble de connexions, quartiers, agglomération, départements… interopérables, selon les cas. La Région Ile-de-France répondrait ainsi à la sempiternelle question : quelle est l’échelle idéale pour penser le développement territorial ?